Dans la dernière version du jeu Takattak, le Takattak Trash, il y a une nouvelle possibilité de jouer. Celle qui, à la suite d’une agression verbale, propose d’expliquer.
Les possibilités sont multiples, selon la carte « pique » sur laquelle vous allez tomber :
- Expliquer à un raciste qu’il ne faut pas l’être et pourquoi pas, le raisonner avec des arguments historiques…
- Expliquer à un misogyne en quoi son attitude est contre-productive ou blessante pour la moitié de l’humanité…
- Expliquer à un homophobe qu’il est bien d’être respectueux avec les différentes orientations sexuelles même s’il ne les partage pas…
Tout cela est bien joli, mais la plupart du temps, disons 9 fois sur 10, parfaitement inutile !
Pire : cela renforcera le sentiment d’impunité du SRH (sexiste-raciste-homophobe pour faire court, sachant qu’on peut être l’un ou l’autre ou les 3) et souvent, il en profitera pour rebondir de manière plus sarcastique, voire cruelle et méprisante.
Un petit test ?
Jouez le rôle d’un SRH (au choix) et choisissez soigneusement votre victime-complice, qui est dans le coup évidemment.
N’allez pas vous lâcher en milieu naturel, c’est un peu dangereux !
Sortez une énormité comme on en entend trop souvent :
« Les étrangers font plein d’enfants pour les allocs »
« Les mariage homo est contre nature »
« La place des femmes est à la cuisine ou dans mon lit »
...
Laissez votre victime-complice vous expliquer en quoi le commentaire est désobligeant et réagissez comme un vrai SRH.
Que vous entriez dans le rôle du beauf, de la mère la morale ou du cousin mielleux et condescendant, vous allez le remarquer tout de suite : vous pouvez dire n’importe quoi pour avoir raison.
Vous n’êtes pas du tout à l’écoute.
Et vous voyez votre victime-complice s’échiner (en transpirant un peu) à vous faire entendre raison avec force arguments, chiffres, raisonnements longuement réfléchis etc. Vous, dans votre rôle, au mieux, vous n’en avez cure, au pire, vous vous en nourrissez pour ridiculiser votre proie.
Vous en sortirez vainqueur. Les rieurs de votre côté. 9 fois sur 10.
Alors pourquoi une variante de jeu : « en fait, j’explique » ?
- Pour développer des arguments au cas où vous tomber sur le 1/10 qui est suffisamment ouvert et prêt à entendre votre version.
- Pour jouer parce que parfois, expliquer fait du bien et c’est sympa dans le cadre d’un jeu.
Et donc quelle est la bonne attitude avec les 9/10 ?
La répartie efficace lors des discussion avec des collègues, sur les réseaux sociaux, en famille et même avec quelques amis SRH (dans un environnement où vous êtes en sécurité) c’est… se moquer, ridiculiser, démoder, les imiter, reprendre les mêmes arguments non fondés, les mêmes méthodes.
Face aux SRH, on est vraiment trop gentil, souvent même on ne répond pas, exaspéré.
Se battre à armes égales, contrairement à ce que l’on pourrait croire, fait immédiatement retomber le soufflé.
Une règle cependant : réagir.
Même quand le commentaire désobligeant ne vous est pas directement adressé.
Allez, quelques exemples de phrase entendues ces 3 derniers jours et des propositions de riposte :
- La vie était plus simple sans les Musulmans, c’était mieux avant.
Ce qui était plus simple, c’était quand tu gardais ta langue de vipère dans ta bouche et que tu utilisais ton tout petit cerveau.
- Les femmes rêvent d’égalité, mais ce n’est pas dans leurs gênes
Justement, en parlant de gêne, tes commentaires d’arrière garde me dérangent.
Prends un peu de maturité, ça fera plaisir à tout le monde.
- Les homos, c’est un fléau : ils vont détruire la base de notre civilisation.
En t’entendant, je me demande surtout qui détruit quoi.
En tout cas, je ne te vois pas construire grand chose.
Cessez donc d’expliquer ou pire de vous justifier. Votre explication risquerait bien de ressembler à de l’huile que vous jetez sur le feu, et vous y perdriez votre énergie.
Ce n’est pas facile, mais s’il vous arrive de vous retrouver face à des SRH, entraînez-vous à riposter de façon ferme et moqueuse : les esprits malsains le méritent bien et vous vous sentirez bien plus léger.
Geneviève
Face au racisme, au sexisme, à l’homophobie, faut-il « expliquer » ?